Liste des dieux


A propos de dieux aztèques.


Des dieux innombrables

Quand, peu de temps après la chute de Mexico-Tenochtitlan, les religieux espagnols ont débarqué au Mexique, le Plateau central était peuplé d'une multitude de dieux. Pour interprèter cette diversité déroutante ils n'avaient à leur disposition que leurs souvenirs du paganisme gréco-latin, le catalogue des figures de la démonologie et aussi la foule des saints du calendriers. Nous ne sommes guère mieux armés qu'eux pour interprèter cette multitude de figures divines.

Comme les hébreux et les premiers chrétiens en s'implantant à Rome, avaient emprunté au latin le vieux mot 'deus', les frêres fransiscains vont tenter d'annexer le terme nahuatl teötl, dont le pluriel tëteoh désignait les dieux traditionnels. Le Dieu chrétien deviendra dans la cathéchèse in ïceltzin nelli teötl le 'Seul vrai dieu' et ils chercheront à s'approprier du radical teö- pour créer à leur usage une foule de néologismes désignant les différents aspects de la vie sacramentelle chrétienne. Pour cela ils leur faudra interdire l'utilisation de vieux termes nahuatl dans lesquels le radical teö- désignait trop évidemment les anciennes divinités. Ainsi la grande lagune surl laquelle Tenochtitlan s'était établie était couramment nommée: teöätl, la lagune divine. Cette apellation blasphématoire est proscrite et on cherche à la remplacer par l'expression désacratisée de Grande Lagune, huëyi ätl

Quant aux dieux du Nouveau Monde ils ne sont pas niés dans leur existence mais réinterprètés comme étant des émanations de Satan. Diablo et le pluriel diablomeh voilà les termes nouveaux qui servent à désigner couramment ce que les Mexicains appelaient leurs dieux.

Mais subrepticement une autre réinterprètation va se faire jours parmi les catécumènes. En cherchant à christianiser la vie sociale, en imposant le calendrier nouveau, en construisant des églises, en fondant des paroisses les religieux espagnols vont introduire massivement la foule des saints dans la vie sociale. Or ces saints vont se couler très exactement dans les places laissées vides par les anciennes divinités maintenant pourchassées et persécutées. Les 'Santos' sont de ce fait d'anciens dieux baptisés, rebaptisés.

Car si les anciens dieux peuplaient la Lagune, les montagnes, les champs, les sources et les cours d'eaux, s'ils habitaient la nature dans chacune de ses manifestations, ils étaient aussi présents dans tous les aspects même les plus humbles de la vie sociale mais surtout ils colonisaient le temps, rythmaient le calendrier.


Les dieux et la nature

Omniprésence des anciens dieux. Et la tentation est forte de les considérer d'abord comme assurant le bon fonctionnement de la nature. Dieux du feu, dieux de la pluie, des eaux courantes et des eaux dormantes. Dieux de la végétation et de la fécondité. Dieux de la terre fertile ou mortifère. Dieux stellaires aussi, dieux et déesses lunaires, dieux solaires qui président à la course des astres à leur lever, à leur coucher et à leur réapparition. Divinités attachées aux étoiles et aux constellations. Les différentes manifestations de la nature ont permis de classer les dieux aztèques. Et les textes des premiers chroniqueurs assignent bien aux principales divinités des domaines de la nature.Tlaloc et les tlaloqueh sont bien des divinités de la pluie. Quetzalcoatl est un dieu des vents, Ehecatl, l'une de ses manifestations est le vent lui-même, avec ses miasmes, ses colères mais qui aussi nettoie les chemins et les préparent à l'arrivée des autres dieux. Huehuehteotl avec ses épithètes: Cuezal, le Rouge, Ixcozauhqui, Celui à la Face jaune, c'est le Feu divinisé. On a cru reconnaitre dans plusieurs déesses des divinités à la fois chtoniennes et lunaires. Huitzilopochtli est certainement un dieu solaire et Mixcoatl un dieu stellaire sans doute le dieu de la Voie Lactée.

Du point de vue de leur rôle dans la nature on pourrait classer les dieux aztèques en six grands groupes.

Les dieux de la fécondité:
Centeötl le dieu du maïs
Cihuäcöätl qui régit la naissance et la mort
Cöätlïcue la déesse mère
Chicömecöätl la déesse de la maturation du maïs
Ilamatëctli patronne la terre et le maïs
Xilonen la déesse du maïs encore tendre
Xipe totëc dieu de la végétation
Xöchiquetzal la déesse des fleurs
Les dieux de l'eau
Chälchiuhïcue la déesse des eaux
Ehëcatl le dieu du vent
Huixtohcihuätl la déesse des eaux salines
Näppatëuctli le dieu des aspersions
Tlaloc le dieu de la pluie et des orages
Tlaloqueh les assistants du dieu de la pluie
Les dieux du feu
Chantico la déesse du foyer et des volcans
Huehueteötl le dieu des braseros
Xiuhtëctli le dieu du feu
Les dieux du pulque
Centzontötöchtin les dieux du pulque et de l'ivresse
Mayahuel la déesse du Maguey
Öme töchtli le dieu du pulque
Les dieux stellaires
Centzonhuïtznähuac les étoiles du sud
Centzonmïmixcöah les étoiles du nord
Coyolxäuhqui déesse lunaire
Mëtztli la Lune
Mixcöätl dieu de la Voie lactée
Itzpäpalötl déesse stellaire
Piltzintëctli dieu solaire
Tëcciztëuctli dieu lunaire
Tlahuizcalpantëuctli dieu de l'aurore
Tönatiuh le Soleil
Tzitzimimeh démons nocturnes
Les dieux de la terre
Tepëyöllohtli dieu des montagnes et des grottes
Tlältëuctli seigneur de la terre


Les dieux et les communautés humaines.

Les dieux patronnent les communautés humaines. Chaque quartier a ses dieux propres auxquels il rend à date fixe un culte particulier. Les différentes professions rendent chacune un culte à certaines divinités. Les membres de la profession s'investissent particulièrement dans le culte de ces dieux. Faisant des offrandes, participant à des danses, jeûnant ou offrant leur sang pour eux. Mais le lieu privilégié du culte demeure le centre cérémoniel de la communauté politique et religieuse, l'ältepëtl. Il n'y a pas à vrai dire un panthéon mexicain mais chaque cité a son panthéon propre. Parmi les principaux dieux, plusieurs ont des attaches régionales, Huitzilopochtli est le dieu de Tenochtitlan, Camaxtli est le dieu de Tlaxcala, Quetzalcoatl est le dieu des Toltèques et Tlaloc un dieu olmèque. Mixcoatl est un dieu Otomi ou Chichimèque. Xipe totec est un dieu yopih de la Côte du Pacifique. Et lorsque ces dieux sont importés ils conservent dans leur parure, dans le culte qui leur est rendu et même dans leur clergé des traits de leur région d'origine parfaitement reconnaissables. En relation avec ce codage géographique, mais avec une valeur beaucoup plus symbolique les dieux sont associés aux différents points cardinaux. Certains, comme Tezcatlipoca, qui apparaissent à tous les points de l'espace changent de couleur, d'aspect et de fonction selon la direction à laquelle ils président.

Les dieux et le calendrier.

Plus encore qu'à la nature et qu'aux communautés humaines les dieux président au déroulement du temps. Chaque jour du calendrier, dans son cycle de 52 années est une puissance divine particulière, le tönalli qui détermine les destin des hommes. Les dieux s'insèrent dans le calendrier de deux manières différentes. D'une part ils sont au centre des 18 grandes fêtes religieuses qui rythment le calendrier solaire de 365 jours. On leur présentent des offrandes et des prisonniers, des esclaves ou des prostituées les représentent avant d'être mis à mort en leur honneur. D'autre part les principaux dieux président, en général par couples et à tour de rôles, aux vingt 'semaines' de treize jours chacune qui compose le calendrier rituel. Ainsi les dieux combinent leurs influences pour déterminer la valeur augurale du Jour.

La représentation des dieux

Dans les mythes et les légendes les dieux se manifestent souvent sous forme humaine: cet étranger qui séduit la fille de Huemac le roi toltèque c'est Tezcatlipoca, Topiltzin le roi-prêtre de Tula c'est Quetzalcoatl. Mais la forme privilégiée sous laquelle les dieux se manifestent est celle d'un animal parfois réel mais souvent fantastique, qui est son nähualli. Tezcatlipoca apparait sous la forme d'un jaguar mais peut aussi apparaître sous la forme d'un zorillo à l'odeur épouvantable. Quetzalcoatl apparaît sous les trait du serpent à plumes de quetzal dont il porte le nom. Tlaloc apparaît sous la forme d'un autre animal fantastique, l'ahuitzotl, cette espèce de loutre qui porte une main à l'extrémité de la queue. Huitzilopochtli quant à lui apparait sous les formes multiples de présages inquiétants. Mais les dieux, dans les rituels, dans la statuaire et dans les codex, se présentent chacun sous la forme de son représentant ïxiptlah. Il s'agit d'un homme d'une statue ou d'une image qui porte la parure propre à ce dieu. Au cours des fêtes religieuses ceux qui vont être sacrifiés portent les attributs, la coiffure, les vêtements qui l'identifient au dieu. Ces parures soigneusement répertoriées et énumérées constituent la véritable identité du dieu. Chaque pièce, chaque détail de la parure constitue comme l'élément d'un blason. Elle répond à une combinatoire complexe qui révèle la nature du dieu et ses relations aux autres dieux. Celui qui porte cette parure devient comme le glyphe vivant du dieu qu'il représente.

L'héterogénéité du divin.

La religion des Aztèques présente une grande hétérogénéité. Faite d'emprunts multiples elle résiste à toute tentative d'unification. Entre le culte de Xipe totec qui impose que des hommes revête la peau d'un homme sacrifié et écorché et qu'il aille ainsi par les rues des jours et des jours jusqu'à putréfaction complète et le culte de Quetzalcoatl qui, en principe au moins, proscrit tout sacrifice humain pour n'autoriser que l'offrande de fleurs et de papillon les différences sont considérables. De même il ne semble pas y avoir de commune mesure entre le culte que les marchands rendent au faisceau constitué par la réunion de leur bâtons de marche et le contenu des prières dont les informateurs de Sahagun nous ont transmis le texte.Ces prières adressée soit à Tezcatlipoca, soit à Quetzalcoatl, soit à Tlaloc témoignent d'une conception très élaborée du divin avec ses attributs d'invisibilité et d'ubicuité. Tlöqueh Nähuaqueh, le Prochain, ïpalnemöhuani, Celui grâce a qui nous vivons. les Franciscains appliqueront ces termes au Dieu chrétien.

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